Le cdH propose le plan « EVIA » (Emploi-Vie de qualité-Autonomie) pour permettre aux aînés de conserver leur autonomie et de leur donner la possibilité de vivre chez eux plus longtemps.
Plus de 2,5 millions de Belges ont aujourd’hui plus de 60 ans.
Dans les prochaines décennies, l’espérance de vie devrait passer de 80 à 87 ans. Le nombre d’aînés de 85 ans et plus va quasiment tripler d’ici 2060.
Avec cet allongement de la vie, la perte d’autonomie est plus longue : 7 ans en moyenne contre 5 actuellement. Or, les aînés – dont un sur deux souffre de solitude – rencontrent des difficultés croissantes pour accomplir les tâches quotidiennes.
Par rapport aux autres pays de l’OCDE, la Wallonie et Bruxelles se caractérisent par une forte propension à vivre en maison de repos avec 86 places pour 1.000 aînés de 65 ans ou plus. Pour faire face à la demande croissante, à politique constante, il faudrait créer chaque année 14 maisons de repos en Wallonie et 3 à Bruxelles dès 2016 jusqu’en 2040, soit ouvrir une maison de repos de 100 places toutes les 3 semaines !
Dans un secteur déjà sous pression aujourd’hui, cet objectif non seulement n’est pas soutenable pour les pouvoirs publics mais ne répond pas aux souhaits des seniors. 22.000 personnes, soit un tiers des aînés séjournant actuellement en maison de repos, auraient préféré rester chez elles !
Cet enjeu majeur pose la question de la qualité de vie des seniors : ajouter des années supplémentaires à la vie, c’est bien, ajouter de la vie à ces années, c’est encore mieux ! Un autre modèle est pourtant possible. Le Danemark a montré la voie en développant des alternatives à la maison de repos et en renforçant les services d’aide à domicile.
Le cdH propose le plan « EVIA » pour « Emploi – Vie de qualité - Autonomie ». Ce plan transversal vise à améliorer l’autonomie et la qualité de vie de tous les seniors. Sa mise en œuvre permet d’accompagner l’allongement de la vie durant les prochaines décennies.
Le cdH présente aujourd’hui deux axes d’actions prioritaires pour soutenir l’autonomie des personnes âgées :
- L’assurance-autonomie. Elle permet de bénéficier d’une offre d’aides et de services à domicile suffisants, de qualité et à moindre coût.
Cette assurance-autonomie diminue le coût de l’aide et des services professionnels et renforce l’offre. Elle permet de mutualiser à grande échelle les risques et les coûts liés à la perte d’autonomie. Pour les personnes peu à modérément dépendantes, l’assurance-autonomie s’avère bien moins coûteuse qu’un séjour en maison de repos.
Selon les estimations du CEPESS, près de 73.000 personnes en Wallonie et à Bruxelles bénéficieront de cette assurance-autonomie.
La démarche ABCD (Adapter, Bouger, Cohabiter, Disposer). Elle a pour but de développer un habitat adapté et varié, qui répond aux besoins et aux aspirations des aînés.
- Adapter :
- Adopter une norme de construction des logements facilement adaptables à la perte d’autonomie (norme « APIH ») ;
- Développer un Qualipack constitué de primes et de prêts à taux zéros pour soutenir le financement de l’adaptation de l’habitat existant ;
Objectif : adapter au moins 94.000 habitations d’ici 2040 ; - Bouger :
- Faciliter la mobilité résidentielle grâce à un passeport « déménager sans frais », faciliter le déménagement en levant les obstacles financiers ou affectifs (vente viagère, droits de donation).
Objectif : aider 6000 ménages par an ; - Cohabiter :
- Développer l’habitat partagé et intergénérationnel via un programme volontariste de soutien du secteur ;
- Faciliter l’extension d’immeuble pour des habitats groupés.
Objectif : permettre à 35.000 aînés de vivre dans un habitat partagé d’ici 2040. - Disposer :
- Développer l’offre de « quartier-services » (habitations adaptées aux aînés situées dans des quartiers de commerce et services) ;
Objectif : atteindre 10% de logements adaptés d’ici 2040, soit le double de l’existant actuellement.
Si le cdH, qui dispose de leviers dans les Régions et les Communautés, prend ses responsabilités pour accompagner l’allongement de la vie, l’Etat fédéral doit également prendre les siennes. C’est-à-dire :
- Diminuer la TVA à 6% de la TVA pour les travaux liés à l’adaptation du logement ;
- Reconnaître la spécificité de la cohabitation intergénérationnelle et adaptée à l’âge dans la législation fiscale et sociale ;
- Soutenir les aidants proches (congés, réglementation du chômage…) ;
- Renforcerles soins infirmiers à domicile ;
- Adopter et promouvoir le Bel-RAI comme échelle de dépendance multidisciplinaire ;
- …
Avec le plan « EVIA », les aînés pourront choisir de vivre à domicile plutôt qu’entrer en maison de repos. Ils bénéficieront d’une offre de services suffisante, de qualité et accessible financièrement. Leur habitat sera mieux adapté au sein de quartiers aménagés où l’offre de services sera plus importante.
« EVIA » permettra de diminuer le nombre de places à créer en maison de repos, réduisant ainsi tant les dépenses des particuliers que celles des autorités publiques. D’ici 2040, l’économie budgétaire cumulée représenterait 2,24 milliards d’€ pour la Wallonie et 493 millions pour Bruxelles. Ce sont donc 30.000 personnes qui n’entreront pas en maisons de repos !
Si l’allongement de la vie représente un enjeu budgétaire, accompagner cet allongement est une nécessité non seulement pour la qualité de vie des seniors eux-mêmes, mais aussi et surtout des personnes qui les accompagnent. En investissant dans les services aux personnes et dans des habitats adaptés aux réalités de l’âge, c’est donc l’avenir des générations actuelles que nous préparons.