Colloque ” Vers un meilleur confort acoustique dans l’école de demain “

Bonjour à tous et toutes,
Tout d’abord je suis très heureuse de vous accueillir aujourd’hui dans ce splendide bâtiment tout juste investi par les employés de Bruxelles-Environnement et en particulier dans cette auditorium. Vous avez la chance d’être parmi les premiers à bénéficier de cette salle destinée à la promotion de l’environnement à Bruxelles.
Vous avez été très nombreux (+ de 120 personnes) à montrer votre intérêt à l’acoustique dans les écoles et je m’en réjouis car cela regroupe plusieurs thématiques qui me tiennent à cœur : la qualité de vie, l’environnement, l’enseignement,…
Je suis également très heureuse de constater la diversité des horizons d’où vous provenez. Cela va du milieu du bâtiment (par l’architecture ou les bureaux d’étude présents en nombre), en passant par le médical jusqu’aux premiers concernés par le bruit dans les écoles à savoir le milieu scolaire.
Cela montre bien que cette problématique est large et que tout un chacun peut contribuer à l’amélioration de l’acoustique des écoles.
On vous l’a sans doute déjà dit plusieurs fois aujourd’hui mais je tiens à le répéter : le bruit est la nuisance qui génère le plus de plaintes à Bruxelles. Elle constitue donc un des facteurs les plus influents sur lequel il faut travailler pour améliorer la qualité de vie de chacun des bruxellois. C’est la raison pour laquelle je souhaite replacer cette thématique à sa juste place tout au long de mon mandat.
Il faut l’avouer, l’acoustique est malheureusement souvent le parent pauvre de l’environnement à côté de sujets plus porteurs, comme par exemple l’énergie. Aujourd’hui, il ne faut plus convaincre grand monde d’isoler son bâtiment, par contre, il reste par contre du travail de conscientisation sur l’importance de l’acoustique. Peu de gens parlent d’acoustique à leur architecte et peu d’architectes parlent d’acoustique à leurs clients…
Cela me semble d’autant plus important car lorsqu’il faut intervenir pour corriger des situations mal pensées d’un point de vue acoustique, cela engendre des surcoûts importants qui peuvent aller jusqu’à 30% par rapport au budget initial des travaux, alors que le pourcentage que représente la prise en compte préventive des enjeux acoustiques par rapport au coût global des travaux n’excède pas 5%.
Prendre en compte l’acoustique dans les écoles est clairement d’une importance capitale car l’école est le lieu d’apprentissage de la maternelle au secondaire où l’une des missions les plus importantes à travers les âges est d’enseigner l’importance de l’écoute, de la communication et de la compréhension pour le développement de l’enfant. Or il ne faut plus démontrer les effets du bruit sur les comportements et l’apprentissage des enfants mais également sur les enseignants : fatigue, déconcentration, perte d’audition, acouphènes,…
Je ne reviendrai pas sur tous ces effets car Madame Rozec, qui a eu la gentillesse de venir de France aujourd’hui, l’aura fait de manière bien plus complète. J’ai été marquée dans son exposé par cette étude qui démontre la relation linéaire significative entre les évaluations scolaires et les niveaux sonores en façade des écoles. De même, on ne s’imagine que l’exposition au bruit dans une école est comparable à celui rencontré dans une menuiserie ou à proximité d’un axe à circulation automobile intense. Une exposition à un tel niveau, même pendant une heure, nécessite selon certaines études plus d’une demi-heure de récupération. Dans ces conditions, il est difficile d’imaginer comment les professeurs peuvent donner leurs leçons sans crier ou comment les élèves restent concentrés.
Nous avons tous déjà pu le constater soit quand nous étions nous-mêmes enfants soit chez nos propres enfants : à titre personnel je le relève régulièrement en déposant ou en reprenant mes enfants à l’école : irritabilité, excitation, fatigue, …. De même, nous l’avons également tous expérimenté lors d’une réunion de parents dans un réfectoire où tout résonne et où la perception est médiocre.
Mais il n’y a pas que les problèmes d’audition : il y a aussi les problèmes vocaux qui en découlent car il faut trop élever la voix pour se faire entendre. Ainsi les problèmes vocaux surviennent plus fréquemment chez les enseignants que dans la population générale. Plus de la moitié des professeurs ont des problèmes de voix et un tiers arrête temporairement de travailler pour se soigner. Les coûts pour les soins donnés aux enseignants seuls (troubles vocaux) sont estimés aux États-Unis à 2,5 milliards de dollars chaque année.
Diminuer la nuisance sonore subie par les élèves et les enseignants dans les différents locaux scolaires est donc une mission que nous devons tous relever. Il est impératif d’améliorer l’environnement sonore dans les écoles car c’est finalement un objectif de santé publique.
Cet objectif prend encore une dimension plus critique à Bruxelles étant donné son contexte démographique particulier: croissance importante, de plus en plus d’enfants dans les crèches et les écoles, territoire non extensible et densément bâti: à l’horizon 2020, l’essor démographique accentuera la demande de place dans les écoles et les crèches.
Au vu d’une telle situation, il est primordial de «bien penser» les écoles de demain et ce dès aujourd’hui, que ce soit du point de vue de la situation géographique, ou de la conception des bâtiments. Malgré des écoles de plus en plus peuplées, une ambiance sonore favorisant les échanges entre élèves et professeurs doit impérativement être conservée !
Pour terminer je m’en voudrais de ne pas mentionner le document de grande qualité réalisé par Bruxelles-Environnement : le vade-mecum du bruit dans les écoles.
Ce document synthétise clairement la problématique et les études existantes sur cette problématique. En plus de cet état des lieux, il offre des pistes simples, concrètes et adaptées à chaque type de local afin de diminuer les nuisances sonores.
C’est un outil idéal pour conscientiser les acteurs des écoles à prendre en compte la problématique du bruit. Idéalement, il en faudrait des exemplaires sur le bureau de chaque directeur, dans toutes les salles de profs, parmi les pouvoirs organisateurs, parmi les gestionnaires de bâtiment scolaire, dans les PMS, etc.
Nous comptons donc sur vous tous ici présents pour le diffuser un maximum autour de vous car il n’y a rien de mieux que le bouche-à-oreille pour convaincre.
Je me permettrai également d’insister pour que vous remplissiez le formulaire1 que vous avez reçu en début de séance. Premièrement car je suis persuadée que vous aurez apprécié autant que moi la qualité du travail de Bruxelles-Environnement tant pour son organisation que pour la qualité des orateurs de ce jour que je tiens à remercier tout particulièrement. Mais surtout car Bruxelles-Environnement et moi-même souhaitons avoir votre avis et vos suggestions pour poursuivre notre objectif commun qui est d’améliorer la qualité acoustique des bâtiments bruxellois. Nous souhaitons donc identifier au mieux vos besoins : ça peut être des propositions de formations, des séances d’information pour des publics cibles, des constats, des visites, …
En effet, je ne conçois pas de développer cette thématique seule avec Bruxelles-Environnement. Je souhaite clairement avoir une approche concertée avec tous les acteurs qui répond au besoin des utilisateurs finaux car c’est ensemble qu’on aboutira aux meilleurs résultats.
Merci à tous de votre participation.
Je vous souhaite une après-midi enrichissante et instructive lors des deux visites organisées.